"Ruy Blas" de Victor Hugo
« Bâtir une machine effroyable dans l’ombre,
L’armer hideusement de rouages sans nombre,
Puis sous la meule, afin de voir comment elle est,
Jeter une livrée, une chose, un valet,
Puis la faire mouvoir, et soudain sous la roue
Voir sortir des lambeaux teints de sang et de boue,
Une tête brisée, un cœur tiède et fumant,
Et ne pas frissonner alors qu’en ce moment
On reconnait malgré le mot dont on le nomme?
Que ce laquais était l’enveloppe d’un homme ! »
C’est en vers flamboyants et libres que le jeune Hugo qui redécouvre l’épique Shakespearien a écrit cette histoire d’amour fou et de folle vengeance ou le pouvoir de l’amour n’a d’égal que l’amour du pouvoir.
Ruy Blas, valet du Don Salluste, est un jeune homme déclassé qui mérite mieux que cette servitude qu’il n’a accepté que pour être proche de celle qu’il adore en secret : la Reine d’Espagne !
Don Salluste, contraint par la jeune souveraine à épouser une suivante qu’il a abusée, fomente un machiavélique plan de vengeance… Il fait passer son valet pour son neveu, le turbulent Don Cesar De Bazan, qu’il envoie sans scrupules aux galères…
Ruy Blas, rapidement remarqué par la reine qui tombe à son tour sous le charme du jeune homme, gravit les échelons du pouvoir… Mais le vrai Don César resurgit ! Don Salluste va pouvoir refermer le terrible piège sur le couple oublieux des règles du jeu social et politique.
Au sommet de la gloire et du bonheur, Ruy Blas va tout perdre…
Retrouver l’esprit Romantique :
Drame romantique, le chef-d’œuvre de Victor Hugo réussit la prouesse de mélanger les genres avec brio : des scènes cocasses, des personnages burlesques côtoient de vrais héros picaresques et des êtres vulnérables ou tragiques. Passer du rire aux larmes est le défi de cette fresque ébouriffante où tous les excès sont permis.
Hugo en son temps voulait réveiller un art dramatique somnolent, innover, casser du fossile ! Pour lui être fidèle, nous nous devons de retrouver cette attitude frondeuse et libre qui fit l’esprit romantique et nous affranchir des traditions qui figèrent trop longtemps Ruy Blas dans une imagerie mièvre, pour en retrouver les accents plein de vitalité, d’insolence, de volupté, de violence et de folie.