"Le Cid" de Pierre Corneille
Rodrigue et Chimène s’aiment d’un amour partagé et leur pères sont prêts de donner leurs bénédictions… L’histoire commence donc comme une comédie… Hélas, l’orgueil des deux pères briguant le même poste de précepteur du dauphin va plonger nos amoureux dans de transes infinies. En effet, après que le poste ait échu au vieux Don Diègue, père de Rodrigue, le bouillant Don Gormas chef des armées et père de Chimène ne trouve rien de mieux que de gifler le vieillard. Ce dernier fait alors appel à son fils pour venger l’offense… Inextricable dilemme par lequel le jeune homme se trouve tiraillé : choisir entre son honneur et son amour, son père ou sa maîtresse…
Ayant tué l’offenseur, Rodrigue va devoir désormais subir les poursuites de Chimène qui, à son tour, se doit d’obtenir réparation et de demander la tête de celui qu’elle aime pourtant d’un amour passionné : deux jeunes gens sacrifiés sur l’autel des valeurs de leurs pères !.. L’histoire vient pourtant au secours du jeune homme car Rodrigue, homme providentiel, en sauvant la patrie d’un péril extrême va devenir l’héroique et légendaire Le Cid, le héros de tout un peuple, à qui l’on peut tout pardonner…
Notes de mise en scène
Versant ascendant de la réflexion que nous avons entreprise sur le « héros cornélien », le Cid est l’étape de construction : comment nait le héros ?
Mais au fait, c’est quoi un héros?
C’est l’image collective qui se plaque à un moment donné sur un homme jugé providentiel. On est rarement un héros avec préméditation, les circonstances, le hasard et la nécessité sont autant de facteurs déterminants que la bravoure intrinsèque de l’individu… Bien sûr Rodrigue est vaillant, stratège inné et dévoué à son pays, mais il n’a surtout « plus rien à perdre »…
Accéder au statut héroïque est d’ailleurs un cadeau empoisonné car la liberté individuelle fuit celui qui en reçoit le fardeau : Rodrigue est un jeune homme qui part de l’insouciance à l’incarnation fantasmatique du héros qui désormais devra être à la hauteur du destin que l’histoire lui a tracé…