"Photo de Classe" de Anca VISDEI
Au lendemain de son baccalauréat, Bianca a choisi la liberté, comme on disait encore à l’époque bénie ou l’on croyait savoir de quel coté se trouvait cette rare denrée vitale. Elle quitte la Roumanie pour la France. Vingt ans sont passés émaillés des évènements très médiatisés que l’on connait.
« Al mezzo camin della vita sua », réalisant que son passé est fait d’une moitié de vie roumaine et d’une moitié française, Bianca retourne au point de partage des eaux pour essayer de comprendre de quel coté le fleuve de sa vie va couler désormais et qui elle est devenue.
Vingt ans aprés son départ, elle retourne pour la première fois à Bucarest et y organise un banquet pour ses anciens camarades de classe. Retrouvailles qui ressemblent à la mise à sac du grenier de grand-mère par une bande d’enfants imprudents. A par les morts, tous sont là… En exhumant des pans de leur passé, ils retrouvent pêle-mêle, des amours encore vivantes, des haines jamais éteintes…
Cette pièce se passe en Roumanie, c’est à dire partout. La nostalgie de ce pays est la nostalgie de la passion dévastatrice et vitale de sa jeunesse enfuie… enfouie ?
Notes de mise en scène
Par un étrange effet miroir, tous ces destins qui se sont entrecroisés, éloignés, retrouvés, nous renvoient à nos propres itinéraires. Parce qu’ « à l’intérieur nous sommes restés les mêmes » que le temps trouble la vue et que l’image de ce que nous étions et de ce que nous sommes se fondent et se confondent, nous avons choisi de jouer sur le mystère des apparences et nous nous sommes allégrement autorisés à traverser le miroir, à enjamber le cadre de la photo… Les personnages sont donc interprétés par des comédiens plus jeunes que leur État Civil, comme rajeunis brusquement par ce voyage dans leur jeunesse… Les constantes bascules entre le souvenir, le passé, le présent… Le rêve et la réalité sont traitées en parties musicales ou chorégraphiées, une invitation constante au voyage dans le temps et dans l’espace.