"Horace" de Pierre Corneille
Le combat fratricide des Horace et des Curiace n’en finit pas de résonner dans notre monde en proie aux guerres civiles et aux massacres de toutes sortes : Serbes contre Croates, Palestiniens contre Israéliens, Irlandais du nord contre Irlandais du sud… la liste des frères ennemis est malheureusement non exhaustive…
Horace ne renvoie pas à une mythologie lointaine, ce n’est pas un péplum poussiéreux, c’est au contraire une réflexion aigue sur les valeurs qui opposent depuis toujours les intérêts de l’individu à ceux de la cité.
C’est un réquisitoire impitoyable contre le fanatisme et une analyse lucide des rouages de la « Raison d’État ».
Portée par une langue sublime, cette pièce magnifique mérite amplement d’être re-découverte.
Notes de mise en scène
Ce que j’entends dans Horace… par Arlette ALLAIN
Ce que j’entends dans Horace, ce sont les cris du ventre: de celui qui donne la vie et qui refuse la mort de l’enfant, de l’homme, de l’amour. Le refus qu’un sang impur abreuve nos sillons ». Ce désir borné de vivre et de laisser vivre, cette impuissance des cris de femmes à couvrir le bruit des tambours de guerre est pour moi la véritable expression de cette tragédie et sa résonance permanente.
Dans Horace, trois logiques s’affrontent:
- la Logique du pouvoir et de la politique, logique qui conduit à « relire » les évènements, à absoudre le criminel ou à condamner l’innocence à la lumière de l’intérêt général du moment.
- la logique militaire ou plutôt celle des jeunes hommes condamnés à cette noble fonction « mourir pour le pays est un si digne sort qu’on briguerait en foule une si digne mort »
- la logique des femmes : moins civique, plus humaine, plus tendre et plus viscérale : elles ont choisi, elles sont contre !! D’ailleurs qui pourrait choisir entre un frère et un mari? Entre un amant et un frère ? cette logique-là renvoie dos à dos tous les hommes avec leurs instincts belliqueux, leurs désirs de conquêtes et leurs rêves de gloire payés du prix du sang.